Article de presse

Paul Schrobiltgen, à mi-chemin de Nicolas de Staël et de Serge Poliakoff – ses dieux –, prêche une mosaïque sobre des formes, une géométrie douce, vacillant presque au contact de l’irradiante lumière intérieure, avec des grâces qui évoquent Paul Klee. On en verra ici quelques-uns des meilleurs exemples. Ses peintures à l’huile sur carton, aux architectures évanescentes, comme étouffées par le chiffon qui estompe, ont gardé leur jeunesse grâce à ce minimalisme sensible. La soie brumeuse des valeurs blondes, dorées, ombrées, parfois serties d’un cabochon ou d’un rais de couleur vive, profile la vie sur le terrain du rêve. Chaque peinture est comme un souffle, un murmure où la ligne qui définit le plan progresse à pas de loups dans le champ coloré. Réalisées aux derniers moments de sa vie, 1978-1979, au moment où la couleur parfois se fait plus incisive et plus cristalline, la plupart de ces pièces sont de celles, silencieuses, généreuses, avec lesquelles on voudrait vivre. Le parcours de Paul Schrobiltgen, bien qu’il n’appartint à aucun cercle ni mouvement, Jeune Peinture ou autre, fut celui, en plus discret, des peintres belges de l’après-guerre, Gaston Bertrand, Van Lint, Jo Delahaut. Comme eux, il glissa d’un certain type de figuration épurée à une abstraction plus franche, avant d’arriver à ces pages fines de « musique de chambre ».

Danièle Gillemon, Le Soir (Mad), 2 février 2011
pour l’exposition Paul Schrobiltgen, Galerie Didier Devillez


L'art doit éveiller, et la peinture détient toutes les vertus de la communion, par la stimulation de l'esprit à l'affectivité des sens. La beauté est abstraite et ne peut se définir. Or chacun recherche cette beauté qui bien souvent lui échappe ; elle est silence. Le moine l'a trouvée dans son cloître. L'homme moderne la trouve parmis les hommes et non les choses.

Paul Schrobiltgen


Ce lent accomplissement à la fois de l'artiste et de l'homme s'est déroulé dans la discretion, tout en retrait de la vie artistique, sans réthorique et à l'abri de toute théorie, sur le seul terroir de la peinture (…).

René Léonard