Né à Gand en 1956, Eddie Bonesire vit et travaille à Bruxelles et Ahrenshoop (Allemagne). Diplômé en traduction/interprétation (ILMH/UCLouvain), il a exercé pendant de nombreuses années diverses professions dans le domaine linguistique. Photographe d'abord autodidacte, il a ensuite étudié la photographie à la Ostkreuzschule für Fotografie, à Berlin-Weissensee, dans la classe (Meisterklasse) de Ute Mahler et Ingo Taubhorn. C’est en 2002 qu’il se rend pour la première fois à Ahrenshoop, sur la presqu’île de Fischland-Darss-Zingst baignée par la mer Baltique, entre les villes hanséatiques de Rostock et de Stralsund. Les photographies d’Eddie Bonesire sont imprégnées de ce lieu comme il l‘est devenu lui-même au fil des années. Quand bien même son regard se voudrait parfois neutre et objectif, au-delà de l’églogue idyllique, le paysage est rarement innocent. Et lorsqu’il ne photographie pas, il s’assied simplement sur le rivage pour contempler le spectacle de la nature et dessiner. Au crayon, à la tourbe, au charbon. Ou il ramasse des fils de mer, dont il ficelle menus galets et bouts de bois.
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Jacques Brel capturait, dans "Le Plat Pays", les ambiances des paysages pour les transformer aussitôt en une ode poétique, pleine de mélancolie et de nostalgie, au pays qui était le sien. Discrètes, les photographies d'Eddie Bonesire, prises entre 2003 et 2015, dans le plat pays de Brel, à Bruxelles et alentour, posent un regard tendre et poétique sur des paysages ruraux et urbains, mais aussi sur des ruptures et des contradictions. Par des images comme sorties d'un journal intime, Eddie Bonesire nous raconte une histoire très personnelle du passé et du présent de sa Belgique. Les éléments d'architecture méticuleusement choisis, l'intimité des intérieurs, les paysages parfois vides et estompés, les figures humaines insaisissables: tout cela invite irrémédiablement le spectateur au décryptage, dans un décor parfois surréaliste au charme morbide, à l'atmosphère mélancolique. Presque malgré lui, il est entraîné dans une réflexion sur la transformation et le caractère éphémère de notre société. Marie-Thérèse Huppertz |