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Le premier rapport de Damien Moreau (1966) à la sculpture passe par le dessin, passage incontournable pour lui de la conception d’une œuvre plane à sa traduction tactile en volume, authentiquement constitutive de l’acte de sculpter.

La sculpture est vécue chez Moreau comme une nécessité impérieuse. Elle exige pour son accomplissement le silence, condition de la constance de sa démarche qu’il voit comme une expérience d’ordre cathartique. Un acte authentiquement « inclusif », associant l’artiste à son public en ce qu’il souhaite être une mise en partage spirituel. Pour ses sculptures les plus monumentales (même les plus petites de format le sont…), Moreau appelle ainsi le spectateur à pénétrer en quelque sorte physiquement ses compositions. A faire corps avec elles, au même titre que de sa main, il leur aura donné une vie préalable. Démarche non exempte de risque puisqu’elle n’a d’égal que la gratuité de ce geste posé ex ante. Irrémédiablement.

A une époque, Damien Moreau s’est attaqué à la pierre et au bronze. Inachevées au premier regard, ces compositions sont en réalité des personnages dégageant à la fois puissance et élan. Ce travail consistait à réduire les éléments essentiels de la figure humaine (buste, jambes, tête) à leur masse calibrée aux dominantes angulaires. Dialoguer avec ces « êtres » exigera de l’observateur qu’à son tour, il se forge ( !) un vocabulaire où prévaudra la douceur de l’onirisme sur la raideur de la prose...

Avec l’acier, le sculpteur touche à l’art abstrait. Le Corten est un matériau à la fois chaleureux dans sa tonalité et exigeant pour la résistance qu’il oppose au geste du façonnier. Celui-ci joue sur les volumes et leur occupation de l’espace. Espace ne signifie pas vide. Maniant le paradoxe, le sculpteur crée pour ses entités les conditions visuelles d’une paradoxale légèreté…ou lévitation pour des corps qui n’en sont pas.

Plus récemment, Moreau se centre sur la traduction cinétique de l’élan, son accélération et son contraire. Il saisit l’immédiateté du geste à la manière d’un instantané photographique. L’allusion au modèle vivant y reste implicite. Inspiré sans doute de la technique chère aux Futuristes du début du XXe siècle, ne serait-ce pas en fait le dynamisme du mouvement, la trace passée, qui se trouve au cœur de l’acte sculpté ?

Techniquement, le sculpteur magnifie le thème de la torsade, de l’arc, de la courbe et de la contre-courbe. Son écriture est une calligraphie de la forme conçue des œuvres d’un medium qui aurait soudure pour nom et scansion poétique pour syntaxe.
 

Michel Van Lierde, février 2018